Programme « Jules Verne »

Récits d’une « jules vernienne » en République Tchèque par Soizick Nevo

Vous venez tout juste de lire le titre et êtes intrigué(e) par le terme "jules vernienne". Prenez donc quelques minutes pour partir à la découverte d’un tout nouveau programme d’échanges, le programme Jules Verne.

Le programme Jules Verne, mais qu’est ce que c’est ?

Le 2 avril 2009 paraissait le Bulletin officiel numéro 14 annonçant la mise en place du programme Jules Verne. Ce programme, pour l’instant strictement français, a pour objectif principal de développer la mobilité des enseignants. Comment ? En permettant à tout enseignant intéressé et motivé, qu’il soit du premier comme du second degré, de passer un an dans un établissement d’accueil à l’étranger. Pour l’année 2009 - 2010, 300 places étaient proposées au niveau national, dont 22 dans l’académie de Versailles.

Vous êtes intéressé(e), vous souhaitez savoir comment participer ?

Tout d’abord, vous devrez remplir deux dossiers de candidature. Les dossiers sont disponibles sur le site du Ciep et sont à adresser à la Dareic de votre académie. L’un des deux dossiers devra comporter l’avis de votre chef d’établissement. Dans ces dossiers de candidature, vous devrez présenter votre projet, votre parcours, vos compétences (linguistiques, informatiques ...) et également indiquer le ou les pays dans lesquels vous souhaitez effectuer ce séjour. L’année dernière, le dossier était à renvoyer avant le 24 avril 2009, soit 22 jours après la parution au Bulletin officiel. Il faut donc être très vigilant.

La deuxième étape est celle de l’entretien, auquel tous les candidats sont convoqués. Cet entretien, dont l’objectif est d’apprécier vos motivations et capacités d’adaptation, est réalisé par un Inspecteur Pédagogique Régional et un membre de la Dareic. Certains candidats ont également eu un entretien dans la langue du ou des pays choisis (il est bien spécifié sur le dossier de candidature qu’il faut avoir le niveau B2 du CECRL). Je ne peux pas vous donner plus de précisions sur cette partie, car je n’ai pas eu le plaisir d’avoir un entretien en tchèque ...

Après l’entretien, il ne vous reste plus qu’à être patient et à attendre l’appel de la Dareic...

Vous avez été choisi(e), que se passe-t-il ensuite ?

Ca y est , dans votre tête vous y êtes déjà ! Mais attention, il vous reste encore à prendre contact avec l’établissement d’accueil, à vous occuper des visas, du logement, de votre carte européenne d’assurance maladie ... Et la liste est longue ...

De mon côté, j’ai du également faire les démarches pour trouver mon établissement d’accueil, car l’Académie de Versailles n’avait pas de contact en République Tchèque. Par contre, une fois trouvé, le lycée tchèque s’est occupé de tout pour moi (en particulier du logement).
Mais il y a autant de situations différentes que de "jules verniens" ...

Pour en savoir plus ...

le site du Ciep :
http://www.ciep.fr/programme-jules-verne/index.php
le site de la Dareic :
http://www.international.ac-versailles.fr/recherche.php3?recherche=dareic
plusieurs "jules verniens" ont créé un blog ... Je vous donnerai les liens un peu plus tard

Et moi dans tout cela ...

Comme vous l’avez peut être déjà compris, je passe mon année scolaire en République Tchèque, plus précisément à Uherské Hradiste, non loin des frontières autrichienne et slovaque.
Vous vous demandez peut être mais pourquoi a-t-elle choisi la République Tchèque ? Et bien, pour deux raisons. Tout d’abord, il y a tout juste 10 ans j’ai eu la chance de partir en Erasmus à Prague. Ce séjour a été une expérience tellement forte pour moi que j’ai ensuite fait des études de tchèque à l’Inalco. Et la deuxième raison est que j’aime tellement ce pays et ses habitants, que je ne souhaite qu’une chose : favoriser les échanges avec la France et permettre ainsi à un maximum de personnes de découvrir la culture tchèque ...

Et maintenant un peu de géographie ...
La République Tchèque est "divisée" en deux parties : la Bohême à l’ouest (Prague incluse) et la Moravie à l’est.
Uherské Hradiste, la ville où je réside, est donc située en Moravie du sud, une région à forte identité culturelle. Chaque village a son groupe folklorique, avec son costume traditionnel. Environ la moitié de mes élèves appartient à des groupes folkloriques, et s’entraîne donc toutes les semaines au chant et à la danse, et ce jusque dans l’enceinte du lycée, dans la salle attenante au bureau du directeur ...

Pour mieux situer Uherske Hradiste

Et mon lycée...
Mon établissement d’accueil, le Gymnazium Uherské Hradiste, est un lycée d’environ 1 000 élèves venus de toutes les localités situées dans un rayon de 20 km environ. Les élèves peuvent rester 8 ans au lycée (de 11 à 19 ans environ), mais beaucoup d’entre eux choisissent d’y rester 4 ans et font donc la première partie de leurs études secondaires à la "Zakladni Skola", une école qui réunit les premier et second degrés.
Dans le lycée, nous sommes 70 professeurs, dont 4 professeurs de français. Et oui, car bien qu’étant professeur d’allemand, j’enseigne le français ici. Mais contrairement à ce que je pensais, ce n’est pas si différent : ici comme en France, j’enseigne aux élèves une langue étrangère. Les activités, les stratégies, les difficultés sont donc sensiblement les mêmes.

Pour ce qui est de l’organisation des cours et de l’emploi du temps, je vous en parlerai dans un autre bulletin...

Premières impressions : la rentrée des classes

Le 1er septembre était également le jour de la rentrée des classes en République Tchèque, mais ici s’arrête la comparaison entre ce pays et la France.

En effet, en République Tchèque, la rentrée des classes ne représente pas comme en France l’événement majeur du mois de septembre. Ainsi, cette année, dans un certain nombre de médias, la rentrée des classes a été traitée principalement sous deux angles : la réforme prochaine de l’examen final et la distribution de lait à la cantine. Mais ces sujets ne se sont pas vus octroyer les gros titres. J’y vois à cela deux raisons.
La première est inhérente à l’organisation du système scolaire en République Tchèque : les élèves restent au minimum 4 ans dans la même classe, constituée des mêmes élèves, avec la même équipe éducative et le même professeur principal. Pour les élèves, la rentrée des classes est donc plus synonyme de retrouvailles, de retour dans un cadre familier que d’angoisses causées par l’inconnu. En conséquence, dès le 2 septembre, la « rentrée » était déjà terminée et les élèves d’ores et déjà « dans le bain ».

La deuxième raison serait, selon moi, la préparation anticipée de la rentrée des classes. Les professeurs recommencent plus d’une semaine avant la date officielle : ce temps est consacré au rangement, à la vérification du matériel, à la consultation entre collègues. Dans mon lycée d’accueil, les professeurs ont passé deux jours tous ensemble dans un centre de vacances. L’objectif de ce séjour, financé par l’établissement, était de favoriser le « team-building ». Apparemment, ce type de séjour est en plein essor dans les établissements scolaires de République Tchèque.

Mais les professeurs ne sont pas les seuls à connaître une rentrée anticipée. Chaque élève du Gymnázium doit consacrer au minimum deux jours de ses vacances aux « brigades » , celles-ci sont chargées d’aider le personnel de l’établissement à préparer le lycée pour la rentrée et s‘occupent du rangement, de la maintenance, de l‘affichage … Le retour des élèves dans l’enceinte du lycée a donc lieu bien avant le jour de la rentrée.

Il existe certainement d’autres raisons expliquant les différentes manières d’appréhender la rentrée en France et en République Tchèque, mais une chose est sûre, pour moi le dépaysement fut complet dès le premier jour de classe.

Pour terminer

J’espère que vous avez pris plaisir à lire ces quelques lignes. Si vous souhaitez que je traite dans cette rubrique un thème précis, ou que vous voulez me posez des questions sur le programme, voici mon adresse mail : Soizick-Jeanne.Nevo[at]ac-versailles.fr

Je profite enfin de ce petit paragraphe pour remercier deux collègues. F. Aumigny, professeur d’arts plastiques au Collège Le Village de Trappes, qui m’a plus que suggéré le titre de la rubrique, et H. Cauchies, secrétaire au Collège Gagarine à Trappes, qui du fait de ses envois hebdomadaires du B.O, a fait en sorte que je sois là aujourd’hui.

Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures. Na shledanou !

Soizick Nevo

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)